Le genre en recherche. Évaluation et production des savoirs, Versailles, éd. Quæ, 184 p.
(Ouvrage complet)

Régulation de la détermination du sexe et de la différenciation ovarienne : implications dans les variations du développement sexuel
(Chapitre 7)

Aitana Perea-Gomez1, Marie-Christine Chaboissier1

Affiliations
1Université Côte d’Azur, Inserm, CNRS, Institut de Biologie Valrose (iBV), Nice, France.

Résumé

La détermination du sexe est le processus biologique par lequel un organisme à reproduction sexuée initie une différenciation de type femelle ou mâle. Les stra- tégies mises en œuvre par les différentes espèces animales pour la détermination du sexe sont très variées en ce qui concerne le type de contrôle (environnemental ou génétique), mais aussi les acteurs cellulaires et moléculaires impliqués dans ce processus. Chez la plupart des mammifères, la détermination du sexe est contrôlée de façon génétique par la présence de chromosomes sexuels qui dictent le dévelop- pement femelle (individus XX) ou mâle (individus XY).

Une des étapes clés du développement sexuel a lieu pendant la vie embryonnaire avec la formation et la différenciation des gonades. Avant la sixième semaine de gestation chez l’humain (équivalente au onzième jour de développement embryonnaire chez la souris), les gonades indifférenciées sont identiques chez les embryons des deux sexes. À la suite du processus de détermination sexuelle gonadique, des cascades génétiques distinctes aboutissent à la formation d’ovaires chez les embryons XX femelles et de testicules chez les embryons XY mâles. La fonction des ovaires et des testicules adultes est essentielle pour le maintien de l’espèce via la production de gamètes (ovocytes et spermatozoïdes), dont la fusion à la fécondation génère un zygote qui pourra former un nouvel individu. En outre, les gonades produisent des hormones qui contrôlent la mise en place du sexe anatomique avec la différenciation des organes génitaux internes et externes.

Les situations où le sexe chromosomique, gonadique ou anatomique sont atypiques sont regroupées sous le nom de troubles du développement sexuel (disorders of sexual development, DSD) ou de variations du développement sexuel (differences in sex development, DSD). Les DSD sont hétérogènes aussi bien dans leur présenta- tion clinique que dans leur taux d’incidence ou leur cause. Déterminer les variants génétiques à l’origine des DSD est important pour prédire l’évolution du patient et adapter sa prise en charge. Actuellement, un diagnostic moléculaire peut être posé dans moins de 50 % des cas de DSD. Afin d’améliorer ce taux et d’identifier de nouveaux variants à l’origine des DSD, il est essentiel d’étudier les réseaux géné- tiques qui contrôlent les différentes étapes du développement sexuel, et en particu- lier la formation et la différenciation des gonades.

En 1990, le gène SRY, porté par le chromosome Y, a été identifié comme le facteur initiateur de la détermination du destin testiculaire. Depuis, de nombreux travaux se sont attachés à identifier les réseaux génétiques en amont et en aval de la fonction de SRY impliqués dans la morphogenèse, la différenciation cellulaire et la production hormonale des testicules embryonnaires et adultes. En revanche, les réseaux géné- tiques impliqués dans la formation et la différenciation ovariennes ont été compa- rativement moins étudiés, et nos connaissances sur le développement sexuel femelle demeurent parcellaires. Le projet ANR SexDiff, présenté dans le cadre du colloque Le Genre en recherche du 15 décembre 2020, est un projet de recherche collaboratif dont l’objectif est d’augmenter notre connaissance des réseaux génétiques respon- sables de la formation et de la différenciation des ovaires de mammifère, et d’amé- liorer ainsi les outils de diagnostic des DSD.

Chapitre 7